Oracle

 
Le projet comme l'oracle fait des signes. Par lui, tout ce qui est vomi des entrailles de la nuit chemine dans le réel et finit par ateindre sa cible. 

Car de même que "si c'est la plume fait le plumage, ce n'est pas la colle qui fait le collage", dans l'oracle, ce n'est pas la Pythie qui fait des signes, mais le projet. La Pythie, elle, ne voit rien, n'entend rien et d'ailleurs elle est ivre. 

Et de quoi d'autre serait-on venu questionner à Delphes que d'un projet ? 

C'est bien la perspective de ce projet, non la question elle même, par quoi se crée le signe. Quant à l'oracle, il est inconscient, ou presque. Et la preuve, c'est que sitôt proféré il joue sans arrêt sur les mots. Devenu cet esprit qui désormais les hante et investi de leur puissance il vient et revient sans cesse colorer le réel de ses moires. 

Si l'oracle est réponse, il ne se sait pas tel. Et c'est pourquoi, il dit toujours la vérité. 
Et pourtant, il sait qu'il la dit. De cela il n'est pas innocent. 
Mais il le sait par système. 

Il sait que le projet s'empare de l'oracle sitôt qu'il se prononce.